De nombreuses données empiriques confirment aujourd’hui que les biais d’attention sélective envers l’information liée aux préoccupations constituent un processus psychopathogène avéré dans le maintien des troubles émotionnels, dont la dépression. Toutefois, on retrouve dans la littérature des contradictions empiriques quant à l’existence de ces biais attentionnels dans cette pathologie. Aussi des données récentes suggèrent-elles que, dans la dépression, les manifestations symptomatiques et les processus cognitifs dysfonctionnels sous-jacents sont extrêmement hétérogènes. Cette hétérogénéité pourrait être un facteur explicatif de ces contradictions empiriques. Par conséquent, cette étude a pour objectif d’examiner les biais attentionnels envers l’information négative (e.g. tristesse) et positive (e.g. joie) ainsi que les liens qu’entretiennent les biais attentionnels avec la rumination mentale et les difficultés interpersonnelles. Quatrevingt cinq adultes présentant soit un diagnostic d’épisode dépressif majeur (n=33), un état d’humeur dysphorique (n=21), ou une absence de trouble de l’humeur (passé ou actuel) (n=31) ont complété différentes échelles ainsi que trois tâches de sondage spatial, chacune composée d’un matériel différent (mots, visages, images). Ces résultats préliminaires n’ont pas mis en évidence de biais attentionnels envers une information triste ou positive ni de liens entre ces biais attentionnels et les différents processus psychologiques mesurés dans cette étude. L’absence d’association entre biais attentionnels et symptomatologie dépressive révélée par nos analyses est en contradiction avec les modèles cognitifs de la dépression. |
Research has suggested that selective attentional biases for mood-congruent stimuli is a critical psychological process in the maintenance of emotional disorders, including depression. However, there are empirical inconsistencies in the literature regarding the existence of such attentional biases in this psychopathology. Moreover, recent research indicates that symptoms of depression as well as cognitive mechanisms of depression are characterized by a huge heterogeneity. One may consider that such heterogeneity is one factor contributing to these empirical inconsistencies. As a consequence, in this study, COMMUNICATION BREVE RFCCC –2017 – Vol. XXII – n°3 – p.16 we investigated attentional biases for negative (e.g. sad) and positive-related (e.g. happy) stimuli and to their respective association with mental rumination and interpersonal problems. Eighty-five adults with a major depressive disorder (n=33), a dysphoric mood (n=21) or an absence of past or actual mood disorder (n=31) completed different scales as well as three spatial probing tasks, each composed of different material (words, faces, pictures). These preliminary results did not reveal any attentional bias towards sad or positive information nor associations between these attentional biases and the two psychological processes measured in this study. Given the absence of association between attentional biases and depression symptomatology, our findings are at odds with cognitive models of depression. |
Mots-clés : trouble de l'humeur, psychologie expérimentale, dépression, biais attentionnels |
Key words : mood disorders, experimental psychopathology, depression, attentional biases |